Au-delà des lacunes personnelles et des erreurs de campagnes, la défaite de 2007 s’explique par l’incapacité du Parti socialiste à proposer un compromis social fédérateur dans une société fragmentée et séduite par le néo-populisme de droite. Cette toile de fond, déjà présente en 2002, renvoie à un problème plus général : le Parti socialiste de ce début de XXIe siècle n’a plus de doctrine.
Confronté à l’effondrement du socialisme réel, aux nouveaux défis écologiques, au chômage de masse, à l’individualisation, la mondialisation, l’allongement de la durée de la vie... il n’a pas révisé depuis vingt ans ses orientations fondamentales et son projet historique. De ce point de vue, le cycle 2002-2006 a été inutile et Ségolène Royal n’a rien fait avancer d’essentiel sur cet « agenda de la rénovation ».
Cet immobilisme prolongé a des sources profondes : « surmoi marxiste », culture technocratique et ministérielle, repli sur le local, obsession pour l’élection présidentielle... Au-delà de ses réformes organisationnelles, le Parti socialiste ne pourra résoudre ses problèmes que s’il se décide à privilégier le réel sur les postures, à trancher ses vraies divergences. De leur côté, ses dirigeants doivent s’investir dans le débat d’idées et maîtriser leurs compétitions personnelles.
En ce début de cycle, l’optimisme reste alors permis. La rénovation n’est pas un défi impossible. Mais le temps presse...
Laurent Baumel, 42 ans, est responsable national aux études du Parti socialiste. Il a notamment publié L’année zéro de la gauche, Michalon 2003 (avec Laurent Bouvet) et Fragments d’un discours réformiste, contribution au renouveau doctrinal de la gauche française, Aube 2006.
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