Ce petit livre (rose) de 120 pages, d'une richesse exceptionnelle, est un livre assez noir pour le PS
Il
décrit, avec forces citations et rappels des faits, le PS depuis 81. 25
ans de succès mais aussi d'absences d'explications sur les grandes
décisions qui aboutissent, selon l'auteur, aux échecs de 2002-2007. Le titre pourrait faire croire à une nouvelle charge contre Ségolène
Royal. Il n'en est rien. Pour l'auteur, la défaite vient de plus loin . Guillaume Bachelay a été la plume de
Laurent Fabius qu'il a accompagné dans plusieurs cabinets. Ce normalien
est aussi un homme de terrain puisqu'il est élu de Cléon, ville
ouvrière de Haute-Normandie, bastion fabiusien dans le PS.
Aujourd'hui, ce jeune homme de 33 ans remplace l'ancien premier
ministre au Bureau national du PS. Il sait donc de quoi il parle quand
il décrit un PS qui "tourne en rond", quand il affirme "c'est parce qu'elle ne pense plus la société que la gauche est privée de l'alternance".
Bachelay fait partir la crise d'identité du PS, son incapacité à
choisir une idéologie claire et à s'y tenir à la crise de 1983. Epoque
où François Mitterrand fit le choix de rester dans le SME (système
monétaire européen) et choisit une politique de rigueur extrêmenent
sévère. "La vérité est qu'en 1983, le socialisme a renoncé à son projet mais n'a pas osé le dire, et d'abord aux siens", écrit-il. Un mal ("pour survivre à la dialectique fatale du réel, les socialistes se firent contorsionnistes")
qui marque, selon lui, le PS jusqu'à aujourd'hui. Un mal qui explique
notamment la défaite de 2002 puis la crise sur la constitution
européenne.
Ce mal, selon Bachelay, c'est l'incapacité du PS à expliquer ces choix ("politique de l'autruche"). "Faute de cohérence, il fallait sauver les apparences",
écrit-il. Bachelay revient avec précision sur la politique menée par
Jospin à Matignon (97-2002) pour montrer que cette dualité entre le
discours et les actes ("le socialisme de Janus, deux visages, l'un social, l'autre libéral", selon notre normalien) pèse toujours sur le PS.
Pour ce fabiusien, la cause de l'échec est la suivante : "Ce
n'est pas faute d'adaptation à la mondialisation (et à l'Europe dans la
mondialisation) que l'expérience de la gauche s'est soldée par un
désaveu en 2002, mais faute de compréhension de sa portée,
d'explication de ses avancées, de résistance à ses injonctions, de
réaction suffisante à ses dégâts".
Le constat est donc sévère et ce n'est pas la lutte des personnalités
(Bachelay dresse de rapides et efficaces portraits des prétendants de
2007) pour le leadership du PS qui a facilité le débat idéologique.
Reste l'avenir, c'est la partie la plus faible de cet excellent livre.
Il ouvre le débat, propose quelques pistes qui ne suffiront sans doute
pas à régler la triple crise qui, selon lui, frappe son parti: "crise de doctrine, d'alliances et de chefitude". Le débat est ouvert.
Commentaires